Nous avons déjà parlé de cépages précédemment dans cette newsletter avec un article dédié, expliquant ce que c’est, mais aussi où ils se trouvent.
Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller plus loin en me focalisant sur un cépage en particulier : le Gamay. Il y a quatre types de gamay différents : le gamay noir à jus blanc (Beaujolais) et le gamay teinturier qui comporte le gamay Fréaux (Côte chalonnaise), le gamay de Bouze (Côte-d’Or) et le gamay de Chaudenay (Saône-et-Loire) .

Vous commencez à en avoir l’habitude, voici le côté historique…
Tout d’abord, comme tout cépage, le gamay a un arbre généalogique avec des parents : le gouais blanc (un cépage disparu de nos jours) et le célèbre pinot noir. Le nom Gamay viendrait d’un village nommé ainsi près de Beaune sur la commune de Saint Aubin en Bourgogne. Plusieurs dénominations lui ont par ailleurs succédées comme : gamet, gaamez, gamé. C’est en 1896 que son nom actuel lui a été attribué.
Il était le cépage principal de Bourgogne au XIVe siècle avant qu’un certain Philippe Le Hardi, Duc de Bourgogne, ne décide dans un écrit en 1395 d’arracher les plants de gamay.
Mais pourquoi tant de haine ?
Le gamay était vu comme un cépage avec des rendements élevés sur les sols bourguignons, mais de basse qualité. Le duc décida alors de supprimer ces plants pour y mettre le fameux pinot noir que tout le monde connaît aujourd’hui et ce, partout dans le monde. Philippe Le Hardi déclara que le gamay était un “plant vil et déloyal” et dans sa mission d’amélioration du vignoble, il décida de laisser la place au pinot noir. Cette simple décision poussa le gamay vers le sud de la Bourgogne et plus précisément dans le Beaujolais, tout en changeant le cours de l’histoire viticole française.
Le Gamay vu par les chiffres :
Il compose 95% du vignoble du Beaujolais soit environ 22 000 hectares. Il faut savoir que le gamay est également planté dans les vignobles de Loire, d’Auvergne, Bourgogne (quelques appellations comme Passe-Tout-Grain) et de Savoie, portant à 36 000 hectares la superficie totale du cépage en France.
Le Gamay est présent dans plusieurs pays du monde tels que : Italie, Espagne, Suisse, Portugal, Roumanie, Australie et Bulgarie. A noter que la superficie mondiale du cépage est de 37 000 hectares… soit 1 000 hectares seulement pour ces pays réunis.
Végétalement parlant ?
C’est un cépage précoce, ce qu’il veut dire qu’il débourre plus rapidement que les autres. Oui je sais, çà commence à devenir plus technique, je m’explique : le débourrement d’une vigne montre l’apparition de la “bourre” comme sur cette photo.

Certains cépages débourrent plus vite que d’autres et le gamay en fait partie.
Qu’est ce que cela change ? Et bien si le bourgeon éclot, il n’est plus protégé par sa “coquille” (la bourre) contre le froid. Ce qui veut dire qu’il est plus sensible aux gelées de printemps, il y a donc un risque de perte de récolte. De plus, c’est un cépage peu résistant aux maladies de la vigne, un ennemi parmi tant d’autre pour les vignerons.
Concernant la taille, le Gamay est fertile avec de bons rendements. Il faut donc limiter les sarments fructifères afin d’obtenir moins de raisins et plus de qualité.
Mais c’est bon ?
Comme d’habitude, la magie du vin fait qu’il y en a pour tous les goûts. Le gamay est un cépage donnant principalement des vins légers, comme dans le Beaujolais avec notamment certaines appellations : Fleurie, Chénas, Beaujolais-Village…
Il est difficile de donner un profil de vin exact tant le sol, les parcelles, le climat et le travail du vigneron jouent un rôle prépondérant dans chaque gamay mis en bouteille. Le profil général que je peux élaborer est un vin rouge vif en couleur, gourmand sur des notes de fruits rouges (fraises, framboises), facile à boire. C’est un vin qui se déguste, la plupart du temps, jeune. Parfait pour vos soirées apéritifs dînatoires avec de la charcuterie par exemple !
Le gamay est aussi élaboré en rosé, là encore, on obtient des vins facile à boire sur la fraîcheur et des notes de fruits rouges enjôleuses.
Ma sélection en 100% Gamay pour vous :
- Jean Loron “Clos des vieux Marronniers” : Un vin du beaujolais sur la finesse et l’élégance. Assez tranchant, il vous offre un panel d’arômes de fruits noirs avec une subtile note de réglisse. Bien équilibré, il vous accompagnera lors de dîners composés de viande rouge ou même sur du fromage comme le brie.
- Georges Descombes “Morgon” : Robe d’un rouge profond, avec au nez un bouquet délicat de framboises et de prunes puis, en bouche, on tombe sous le charme de sa puissance et de son style charpenté. Voilà pourquoi il est difficile d’élaborer un profil de vin exact tant le gamay peut être léger, mais parfois puissant.
- Chateau de Bellevue “Fleurie” : Avec cette cuvée, on passe à un vin tout en élégance avec des tanins souples. Les notes de fruits rouges sont bien présentes et nous montre un vin équilibré et rond. Parfait avec un tajine, des lasagnes…
De nos jours, on s’aperçoit que le gamay n’est pas ce “plant vil et déloyal” comme décrit par Philippe le Hardi des siècles plus tôt, mais bien un cépage qui offre d’innombrables possibilités tant son bouquet est garni. N’hésitez pas à demander à votre caviste un 100% gamay pour essayer, ils sont en plus dans des prix raisonnables pour la plupart.
En vous souhaitant de futures belles dégustations...
À bientôt
