Le Vin : l’Histoire continue !

Cet article est la suite de celui-ci.

L’essor de Bordeaux

À la fin du Xe siècle, Bordeaux, seule région viticole à ne pas être sous influence de l’Église, commence à se développer. Le duché d’Aquitaine, uni à la couronne d’Angleterre, remplit les flottes anglaises de clairet dont les Anglais raffolent

Mais c’est au XIIe siècle que les vins de Bordeaux connaissent un réel succès. En 1154, Henri II, époux d’Aliénor d’Aquitaine, monte sur le trône d’Angleterre. Le couple, alors seigneurs d’Aquitaine, a un véritable coup de cœur pour les vins de cette région. Ils décident d’envoyer par navire des vins de Bordeaux afin de rassasier tous les nobles de la cour. Fidèles sujets du suzerain, les bordelais monnayent alors leur loyauté contre des privilèges fiscaux et commerciaux.

Ces privilèges leur permettent ainsi de devenir plus influent, tant au niveau production qu’au niveau de la vente, puisque les bordelais obtiennent le monopole des transactions avec le Royaume-Uni. Cet âge d’or durera trois siècles !

Dans une autre région, la Champagne, le XIIe siècle marque un acte très important : l’établissement de la grande charte champenoise par laquelle Guillaume de Champeaux, évêque de Châlons-sur-Marne, confirme les domaines agricoles et viticoles de l’abbaye Saint-Pierre-aux-Monts. Cette charte est considérée comme l’acte fondateur du vignoble de Champagne.

Plus généralement pendant toute la période du Moyen Âge, la France est le premier exportateur de vin. Ce qui peut paraître plus surprenant aujourd’hui, c’est qu’à l’époque, Paris et l’Île-de-France sont les plus grands vignobles de France. Ces derniers approvisionnent les villes, grandes consommatrices de vin. En effet, la demande devint plus importante car l’eau était impure dans les villes au Moyen-Âge, les habitants l’a coupée avec du vin qui jouait un rôle antiseptique.

Le saviez-vous ?

La guerre de Cent Ans (1337 – 1453) entre le Royaume de France et l’Angleterre n’a pas empêché près de deux cents navires marchands de faire des allers-retours entre Londres et Bordeaux pour le commerce du vin !

Le vin se commercialise en barriques entre provinces ou États, et se vend au détail en ville dans les tavernes. Un balai, une couronne de laurier ou des pampres entrelacés placés au-dessus d’une porte, indiquent que l’on peut acheter ou boire du vin à l’intérieur. 

(embarcations marchande durant le Moyen-Âge)

Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, les crises de famine sont devenues de plus en plus fréquentes, ce qui a pour conséquence d’influencer sur les cultures de vignes, jugées comme non-primordial. Lors de la famine de 1566Charles IX ordonne l’arrachage des vignobles en France pour y semer du blé, bien plus utile pour nourrir la population. Cet édit fut néanmoins annulé sous le règne de Henri III.

Le Nouveau Monde

La colonisation des nouveaux mondes se double rapidement d’une expansion de la vigne lors des siècles suivants. Les traces du premier vignoble sud-africain datées de 1659 sont attestées dans la province du Cap, où il a été implanté par les premiers colons. Comme nous avons pu le voir avec le Chili, la conquête de toute l’Amérique du Sud, s’accompagne d’un développement de la vigne rapide dans ces contrées. Certains cépages Européens sont par ailleurs plantés sur le continent et la viticulture commença son essor dans de nouveaux territoires.

Ce sont surtout les religieux qui ont été les premiers vignerons de ces pays, pour qu’ils puissent avoir leur vin de messe.

Du XIXe siècle à nos jours…

Pour l’exposition universelle de Paris de 1855, l’empereur Napoléon III demande à ce qu’une classification officielle des vins de Bordeaux soit établie. L‘Union des courtiers de commerce près la Bourse de Bordeaux reçut alors une lettre datant du 6 avril 1855 demandant “de vouloir bien nous transmettre la liste bien exacte et bien complète de tous les crus rouges classés du département… également… la classification relative aux grands vins blancs”. Ces courtiers de l’industrie vinicole établirent un classement en fonction de la réputation des châteaux et le prix de leur production.

Pendant ce temps en Angleterre, les nouveaux fours à charbons permettent de produire des bouteilles en série. La bouteille que l’on connaît aujourd’hui est née !

Concernant la viticulture, vous en avez certainement entendu parlé, c’est l’apparition du phylloxera : un puceron qui attaque les racines et interrompt l’écoulement de sève provoquant la mort de la plante. Importé des États-Unis dans les années 1860, il va plonger la viticulture dans sa première grande crise. Heureusement, une solution a été trouvée : greffer la vigne sur des portes greffe américains résistant naturellement au puceron. Le vignoble Européen, certes décimé, a pu se reconstruire après cet affrontement avec l’insecte.

En 1863, Napoléon III demande à Louis Pasteur, scientifique et physicien, de se pencher sur des défauts du vin pesant lourdement sur le commerce français. Avant lui, le vin était vu comme une boisson pleine de mystères. Pasteur devait alors mener des recherches afin de mieux comprendre les mécanismes de la fermentation. Il comprît que chaque fermentation était déclenchée par son microbe spécifique.

(« Mycodermes du vin et du vinaigre », planche de Karmanski illustrant les travaux de Louis Pasteur sur les fermentations alcooliques. source)

Il différencia alors plusieurs germes indésirables donnant de mauvais goûts aux vins puis, il mit en pratique certaines expériences et prouva qu’en chauffant le vin à 57°C pendant un temps déterminé, les microbes étaient tués : il inventa la “pasteurisation”. Il perça également les secrets de la fermentation alcoolique, ce qui fut une grande révélation pour tous les vinificateurs.

Au XXe siècle, les progrès de la recherche et de nombreux investissements permettent l’avènement d’une science du vin : l’œnologie. C’est une science qui a pour objet l’étude et la connaissance du vin, cela englobe notamment les méthodes de vinifications, les défauts, maladies du vin, l’élevage ou encore les fermentations…

La création des AOCs

Elle est due à Pierre Le Roy de Boiseaumarié, dit le baron Le Roy, vigneron à Châteauneuf-du-Pape. Avec son ami Joseph Capus, ils sont à l’origine du renouveau des appellations vitivinicoles en France et dans le monde. Il fit d’abord créer en 1924, le syndicat des vignerons de Châteauneuf-du-Pape, puis, en 1929, le syndicat des Côtes-du-Rhône.

Le 12 mars 1935, Joseph Capus déposa sur le bureau du Sénat une proposition de loi qu’il avait élaborée avec le baron Leroy. Cette loi permit la fondation d’un « Comité National des Appellations d’origine des vins et des eaux-de-vie qui allait devenir par décret du 16 juillet 1947 l’Institut National des Appellations d’Origine des vins et des eaux-de-vie. La première présidence fut assumée par Joseph Capus puis, à sa mort, le baron lui succéda de 1947 à 1967.

La grande innovation fut de constituer légalement une nouvelle catégorie des vins et eaux-de-vie à appellation d’origine dite « contrôlée ». Le devenir de la viticulture en était désormais changé et on pourrait aller encore plus loin : notre façon de consommer aujourd’hui également…