#CépageDay : le Côt (ou le Malbec)

En France, sa culture est en régression. Pourtant, le vignoble bordelais en était dominé il y a un peu plus de 150 ans. Retour sur un cépage peu connu du grand public…

Originaire de l’ancienne province du Quercy, qui s’étendait sur le département du Lot et du Tarn-et-Garonne, le Côt était plutôt connu sous le nom d’Auxerrois. Vous allez vous en apercevoir très vite, c’est l’un des seuls cépages qui prit plusieurs noms au fil de son histoire. Le Côt était alors planté sur la commune de Cahors, où il se développa au fil des décennies.

Au XVIe siècle, le juriste et professeur à l’université de Cahors, François Roaldès, publie « Le discours sur la vigne ». À cette époque, c’est justement l’un des rares traités viticoles que l’on peut trouver. Il atteste dans son ouvrage de la présence de l’Auxerrois (ou du Côt) dans le vignoble de Cahors depuis au moins 600 ans.

Pendant ce temps, il fut également planté dans la vallée de la Loire.

Puis, le cépage s’installa de plus en plus dans le Sud-Ouest en allant dans le vignoble bordelais au XVIIIe siècle. C’est un certain Monsieur Malbeck, propriétaire d’une exploitation viticole du Médoc, qui le fit entrer dans la danse et lui donna son nom le plus connu aujourd’hui : le Malbec. Ce dernier entra ainsi dans les domaines du Médoc mais aussi de Saint Émilion où il changera à nouveau de nom pour devenir… Pressac. Et oui, cette fois ce serait un pépiniériste du nom de Pressac qui aura laissé son empreinte.

Avant l’arrivée du phylloxera en 1863, il était bien représenté dans le vignoble bordelais mais malheureusement, le puceron a eu raison de lui en anéantissant le cépage sur le court terme, mais aussi son expansion sur le long terme. Une fois la solution du porte greffe trouvée, les vignerons décidèrent de le planter à nouveau. Mais à la grande surprise, il est maintenant devenu trop productif et plus sensible à la pourriture après l’avoir greffé, le rendant plus difficile à gérer. Par la suite, les grandes gelées de 1956 lui assène le dernier coup de poignard : les vignerons le remplacent par le merlot, un cépage moins capricieux mais aussi moins contraignant.

Le saviez vous ? De nos jours, le Malbec à Bordeaux, c’est seulement 1 % de l’encépagement avec 1 500 ha de vignes… On le retrouve à hauteur de 5 % dans les assemblages.

Malgré cela, le Côt (alias Malbec/Auxerrois/Pressac/…) n’a pas dit son dernier mot! Il fut introduit en Argentine par l’agronome français Michel Pouget en 1868. Il s’est ensuite totalement acclimaté au terroir, en donnant des vins fins, nous rappelant ceux de la France. Mais, contrairement à la France, le vignoble Argentin fit du Malbec son cépage phare, à tel point qu’à l’heure où vous lisez ces lignes, environ 75% de la production est concentré dans ce pays.

Ainsi, ce ne sont pas moins de 24 000 hectares dispersés dans les 6 régions viticoles du pays, ce dernier étant le cinquième producteur de vin au monde!

On en trouve aussi au Chili ainsi que dans des vignobles en Californie, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans le nord-est de l’Italie, représentant 10% de la production mondiale.

(le vignoble de Mendoza en Argentine, là où 85 % des surfaces plantées en malbec sont concentrés)

Mais revenons un petit peu en France, le vignoble de Cahors ne cesse d’attirer la curiosité et les louanges des dégustateurs internationaux grâce au Malbec qui est devenu son cépage emblématique. C’est justement ce cépage si particulier qui fait l’originalité de cette région viticole.

Quelques informations en plus

  • 21ème cépage le plus planté au monde
  • 32 000 hectares de malbec ont été plantés dans le monde dont 24 000 en Argentine
  • Plus d’un quart des raisins produits en Argentine proviennent du malbec : 28 %
  • Environ 5 500 hectares sont plantés en France dont 4 000 concentré à Cahors
  • Cépage principal de Cahors, il doit représenter au moins 70 % dans les assemblages pour obtenir l’AOC
  • D’autres noms lui sont aussi donné : Griffoin, Mauzat, Vesparol, Prolongeau, Plant du Lot, Plant de Cahors, Plant du Roy, Malbec du Portugal, Malbeck…

La grappe

Concernant sa généalogie, une équipe de chercheurs de l’INRA de Montpellier et de l’Université de Californie à Davis a décidé de mener l’enquête en 2009. D’après eux, le Malbec serait le fruit d’un métissage entre la Magdeleine noire des Charentes et le Prunelard noir, deux cépages très cultivés dans l’ancien temps.

Les grappes et les baies du Malbec sont de taille moyenne, de forme pyramidale.
Comme nous l’avons vu précédemment, le greffage l’a rendu excessivement productif et trop sensible à la pourriture. C’est un cépage avec un débourrement précoce, ce qui fait de lui une variété craignant les gelées de printemps. Les maladies et les insectes ne sont pas non plus tendres avec lui : il est également sensible au mildiou, à l’excoriose et aux cicadelles

(une cicadelle, un insecte se nourrissant de la sève des vignes mais peut être porteuse de l’agent pathogène de la flavescence dorée)

La dégustation

Je n’allais pas vous laisser sur une image d’insecte!

Tout d’abord, le Malbec est un cépage qui donne un vin très coloré, une robe sombre… à tel point que les anglais l’ont surnommé “black wine”.

Sur le plan gustatif, les vins sont très fruités (fruits noirs), parfumés, riches en tanins et aptes au vieillissement de plusieurs années. On retrouve souvent de subtiles notes d’épices (clou de girofle, poivre). C’est plutôt courant de le voir assemblé avec du Cabernet Sauvignon et du Merlot.

Il est également utilisé pour la production de vins rosés : très aromatique avec des parfums intenses de fruits rouges. Ce sont des vins très gourmands et facile à boire.

Bien évidemment, les régions de plantations du Malbec, étant totalement différentes de par leur terroir, influencent la dégustation. Un Malbec de Touraine ne se dégustera pas de la même façon qu’un autre situé à 2000 mètres d’altitude en Argentine mais ça… c’est une autre histoire!

À vous d’essayer et d’en juger par vous-même.

En vous souhaitant de futures belles dégustations…

À bientôt


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