Pour la première fois sur Vinfo, nous allons parler d’une maladie de la vigne : le mildiou. Même si elle est souvent citée, on ne sait pas toujours ce qu’elle implique.
Et pourtant ! C’est l’une des maladies les plus dévastatrices si les conditions climatiques sont favorables à son développement… Voyons ça d’un peu plus près !

Mais qu’est-ce que le Mildiou ?
C’est un champignon parasite de la classe des Oomycètes, son nom plus scientifique est Plasmopara Viticola.
Importé des Etats-Unis au XIXe siècle, le mildiou s’est développé dans nos vignobles à grande vitesse. Pour cela, il a eu en sa faveur des printemps pluvieux et doux, tout ce qu’il aime !
Le mildiou passe l’hiver sous forme d’œufs au sol, dans les débris végétaux. Puis au printemps, en présence d’eau (flaques au milieu des rangs par exemple), la contamination démarre et lui permet d’atteindre les feuilles par le vent ou par les éclaboussures provoquées par la pluie.
Il entraîne par la suite d’importantes pertes de récolte en attaquant la vigne : il affaiblit les ceps en touchant plus particulièrement les parties jeunes de la plante, qui sont en voie de croissance. Si son offensive est plus tardive, c’est non seulement la récolte qui va diminuer, mais également la qualité des raisins restants…
Le saviez-vous ? Le terme “mildiou” est issu de la francisation phonétique de l’anglais “mildew”
Histoire
Il faut savoir qu’avant 1845, les viticulteurs européens ne connaissaient ni le phylloxera, ni l’oïdium et encore moins le mildiou, car ils n’existaient pas sur le territoire. Ce sont des maladies qui sont à l’origine installées en Amérique du Nord, à des milliers de kilomètres de notre continent. Du moins, c’est ce qu’on pouvait penser durant cette époque, mais comme dirait un certain OSS 117 joué par Jean Dujardin : “le monde il bouge, et il bouge vite”.
La mondialisation prit un réel essor lorsque la révolution industrielle bouleversa nos façons de nous déplacer (transports plus modernes, diminution des coûts…). Les européens migrent massivement à travers le monde, notamment vers l’Amérique du Nord et de nombreux échanges ont lieu. Ce fut une grande avancée pour notre monde mais malheureusement, certains échanges ont été destructeurs pour la vigne. Le mildiou arriva en Europe et fut signalé pour la première fois dans le Bordelais en 1878 par Jules Émile Planchon, un botaniste français.
Une maladie aux multiples facettes…
Elle n’est pas exclusive à la vigne, elle touche également les cultures de pommes de terre et de tomates.
Le plus grand exemple se trouve en Irlande, un épisode de l’histoire que l’on appelle La Grande Famine. C’est une famine majeure qui s’est déroulée dans le pays entre 1845 et 1852. Ce fut l’une des catastrophes les plus dramatiques dû au mildiou. Les familles irlandaises, se nourrissant toute l’année de pommes de terre, ont connu des pertes de récolte désastreuses qui ont coûté la vie à un million de personnes. Le mildiou n’était pas connu à cette époque, prenant par surprise des paysans désemparés. Aujourd’hui, les vignerons et les spécialistes arrivent très vite à le cerner…
Symptômes

Revenons à la vigne justement…
Les vignerons connaissent dorénavant les symptômes :
Sur les jeunes feuilles, la contamination par le mildiou se manifeste par l’apparition de “tâches d’huile” (décoloration de la feuille) sur la face supérieure. Elle se poursuit ensuite par la formation d’un duvet blanc sur la face inférieure de la feuille (voir photo ci-dessus). Avec le temps, le tissu touché par le mildiou commence à brunir et se dessèche petit à petit.
Sur les feuilles âgées, on repère le mildiou par des tâches jaunes ou brunes nombreuses et délimitées par les nervures. Ce symptôme apparaît en fin de saison.
Au niveau des sarments, ils ne sont touchés que les années durant lesquelles la pression du mildiou est forte. L’effet du mildiou empêche alors l’aoûtement des sarments (= transformation des rameaux souples en sarments durs), ce qui a pour effet d’augmenter le risque de gel. Ils seront par ailleurs encore plus menacés s’ils sont jeunes. Les bourgeons, quant à eux, se recouvrent d’un duvet blanc, se dessèchent et tombent en cas d’attaque forte.
Au niveau des grappes, de l’apparition des inflorescences à la fin de la floraison, la rafle prend une coloration rouge brunâtre et se déforme en crosse. Les inflorescences peuvent être totalement détruites : elles se dessèchent et finissent par tomber.
Après la floraison, les jeunes grains deviennent brun clair, ramollissent, puis s’égrènent ou se détachent facilement de la rafle.

Solutions de lutte
Les vignerons disposent de plusieurs atouts dans leurs jeux pour contrer le mildiou ou, du moins, diminuer sa propagation dans la parcelle de vigne.
Avant d’en venir aux traitements, le/la vigneron(ne) peut mettre en place des mesures dîtes prophylactiques,c’est à dire des moyens empêchant l’apparition de la maladie. On peut alors éviter l’accumulation de l’eau, propice au développement du mildiou, dans les creux entre les rangs de vigne avec un système de drainage. Supprimer les rameaux se développant au pied du cep est également une solution à envisager car, traînant sur le sol, ils permettent au mildiou de s’installer.
Ensuite, les vignerons ont à leur disposition des moyens de lutte préventifs : les traitements. Cela consiste à “asperger” la vigne avec des produits qui peuvent être :
- de contact : ils se posent simplement sur la feuille, mais plus facilement lessivable par la pluie
- pénétrants : comme son nom l’indique, le produit pénètre la feuille et est plus difficilement lessivable
Ces différentes solutions sont composées de diverses substances dont certaines sont interdites en viticulture biologique.
C’est ensuite aux vignerons de choisir le moment opportun pour se décider à traiter. La météo (“est-ce qu’il va pleuvoir ?”) et les températures (le mildiou se développe à partir de 11°C) sont primordiales, mais il faut également prendre en considération le niveau de croissance de la vigne.
Ils peuvent aussi se fier aux laboratoires qui simulent les conditions climatiques et donnent à travers des bulletins, leurs avis sur la nécessité du traitement et/ou la date à laquelle il sera le plus propice.
Un ensemble d’éléments permettra aux viticulteurs de définir les dates de traitement ainsi que les produits à utiliser, même si le défi consiste à réagir au bon moment.
Le mildiou fait malheureusement des ravages en dévastant des milliers d’hectares chaque année dans toute la France. Même si la maladie semble ne plus avoir de secret pour les spécialistes, les viticulteurs restent sur leur garde. On remarque encore une fois, à travers les missions que la vigne engendre, la complexité du métier de vigneron(ne)…
En vous souhaitant de futures belles dégustations…
À bientôt

Sources :
https://www.vignevin-occitanie.com/
https://www.agro.basf.fr/fr/cultures/
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