Quand on entend ce nom, on ne peut s’empêcher de penser à de grands moments… Et pour cause, les vins venant de Côte-Rôtie représentent la quintessence des Côtes-du-Rhône.

Histoire
Dès 71 après J.C, nous savions que la Côte-Rôtie était vouée à un grand avenir : située à proximité de Lugdunum, la ville de Lyon actuellement, et du Rhône, qui facilitera le commerce dans les années à venir. En ces temps anciens, des vignobles déjà érigés montraient la voie : les vins semblaient plaire à bon nombre, notamment à un certain Pline l’Ancien.
Cet écrivain cita dans son immense ouvrage “Histoire Naturelle” les vins de Côte-Rôtie, faisant autrefois partie du célèbre vignoble antique de Vienne. À savoir que ce livre fut la référence en matière de sciences, d’astronomie, d’agronomie…
D’autres noms célèbres de cette époque sont cités comme étant de fervents défenseurs : Columelle (agronome romain), Martial (un poète latin) et Plutarque (un philosophe de la Rome antique).
Au VIe siècle, ce sont des écrits techniques et précis qui sont révélés pour appuyer les dires sur la qualité des vins de la région.
Suite à cela, deux périodes importantes, durant lesquelles la réputation des vins ne fit que grandir, s’enchaînèrent pour l’appellation : le Moyen-Âge et la Renaissance. Lyon, devenant une plaque tournante du commerce et le Rhône, permettant d’ouvrir de nouveaux canaux de distribution, ont amplifié les ventes de Côte-Rôtie. Ces vins se sont justement retrouvés par la suite sur les tables princières d’Angleterre, de Russie, de Prusse et bien évidemment de France.
L’appellation fait son bout de chemin, tout en améliorant la qualité des vins et des techniques utilisées, ainsi qu’en établissant une sélection précise des sols. Les meilleurs coteaux sont par conséquent choisis pour élaborer le futur de l’appellation.
Son nom devient célèbre à travers le monde, à tel point qu’un nouvel amateur lui déclare son amour : Thomas Jefferson, ambassadeur de France puis 3ème président des États-Unis de 1801 à 1809.
En 1863, le phylloxéra ravage le vignoble français et la Côte-Rôtie ne fait pas exception. Pourtant, la volonté des vignerons est toujours forte et étonnamment, c’est en 1890 que l’appellation atteint des sommets : 300 hectares et une réputation d’excellence qui n’est plus à démontrer.
Tout semblait se passer à merveille mais un événement majeur frappa de plein fouet le vignoble : la Première Guerre mondiale (1914-1918). Une main d’oeuvre conséquente fut demandée, éloignant les vignerons de leurs ceps de vigne, emmenant avec eux toute la bienveillance qu’ils répandaient dans leurs vignobles.
Les coteaux se retrouvent alors à l’abandon, certains pour toujours… après les importantes pertes humaines subies.
Quelques années après la Seconde Guerre Mondiale (1939-1945), en 1950, on dénombre seulement 40 hectares de vignes sur les 300 précédemment plantés.
Dans les années 1970, une nouvelle génération de vignerons décide de rendre au vignoble ses lettres de noblesse. C’est avec conviction qu’ils plantèrent à nouveau sur les coteaux, et permirent à l’appellation de retrouver sa superficie d’origine (280 hectares).
Le saviez-vous ? Dans les années 60, un kilogramme d’abricot coûtait plus cher qu’un litre de Côte-Rôtie !
Le vignoble

Appellation depuis 1940, la Côte-Rôtie s’étend sur une surface de 280 hectares de vignes répartis sur les communes d’Ampuis, de Saint-Cyr-sur-le-Rhône et de Tupin-et-Semons.
Situé à seulement 30 km au sud de Lyon, le vignoble de Côte-Rôtie est bâti en terrasses, sur des coteaux très escarpés, avec des pentes allant jusqu’à… 60% d’inclinaison !
C’est cette exposition qui dote les vignes d’un ensoleillement important, et qui est à l’origine du nom Côte-Rôtie.
Elle est composée de sols micaschistes et granitiques et bénéficie d’un climat continental modéré, sec et chaud l’été (11°C de température moyenne sur l’année), avec des pluies régulières les autres saisons (800mm d’eau par an).
Si vous avez déjà visité le vignoble, vous avez peut-être observé ces petits murs en pierre qui soutiennent la vigne, alors accrochée aux pentes. Ce sont les “Cheys”, des traces laissées par les romains il y a 2 000 ans…
Tenez, en parlant de l’ancien temps, savez-vous pourquoi il existe une Côte brune et Côte blonde ?
Une légende qui remonte au XVIe siècle, racontant l’histoire du Seigneur Maugiron, qui posséda le vignoble. Voulant que ses deux filles se marient bien dotées, il décida de partager son domaine en deux : l’une de ses filles était blonde et l’autre brune…
Une petite histoire à raconter lors de votre dégustation !
Ces deux grands terroirs donnent naissance à de grands vins, certainement parmi les plus fameux de l’appellation.
La dégustation
Produisant uniquement du vin rouge, le vignoble de Côte-Rôtie est composé majoritairement de Syrah.
Majoritairement ?
Oui, l’appellation exige qu’une Côte-Rôtie soit constituée de 80% de Syrah au minimum, et peut être complétée par du viognier… Cela peut paraître surprenant mais c’est bien un cépage blanc qui vient apporter sa touche finale dans l’assemblage. Cette combinaison est néanmoins sur une pente descendante et se fait de plus en plus rare.
L’élégance et la finesse, voilà quelles peuvent être vos attentes lors de vos dégustations. Une belle robe rouge profonde de couleur rubis, et après quelques années de garde, une robe dite “tuilée”.
En bouche, ce sont des notes de fruits rouges (framboise, cerise, fraise) mais aussi quelques-unes de fruits noirs (cassis, mûre). Les arômes épicées de la Syrah apparaissent, accompagnés de senteurs florales (violette). L’élevage des cuvées rend les vins plus boisés, toastés…
Vous pouvez attendre une dizaine d’année avant de les ouvrir, le vin n’en sera que plus fin, délicat, et le voyage plus long…
Recommandation de domaines
Yves Cuilleron : Vigneron emblématique de la région, Yves Cuilleron est retourné aux sources et a repris le domaine familial en 1987. Depuis 3 générations, le vin a toujours fait partie de l’histoire de la famille Cuilleron. C’est en 1920 que débute l’histoire du domaine alors que Claude Cuilleron, le grand-père d’Yves, démarre l’exploitation du domaine. Le domaine Yves Cuilleron s’étendra progressivement et compte aujourd’hui 90 hectares de vignes répartis sur les appellations de Saint-Péray, Saint-Joseph, Côte-Rôtie et Cornas.
Domaine Gérin : Le Domaine Jean-Michel GERIN à été créé en 1983, c’est un achat d’une parcelle en Côte-Rôtie qui symbolise cette création. Par la suite c’est en 1987 que la première bouteille voit le jour, et cela grâce à la reprise de l’exploitation familiale. Aujourd’hui le domaine s’étend sur près de 17 hectares, et les deux fils de la famille, Michaël et Alexis ont encore des défis à relever, notamment celui de la viticulture biologique, une décision de conversion lancée en 2020…
L’appellation Côte-Rôtie ne cesse d’impressionner les dégustateurs amateurs comme professionnels et ce, partout dans le monde. Il est intéressant de noter que 40% de la production est exportée, un signal positif laissant présager unavenirtoujours plus radieux pour l’appellation…
En vous souhaitant de futures belles dégustations…
À bientôt

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