Et si on parlait de Porto…

Vin muté originaire des vignes de Douro (Portugal), le Porto séduit par ses arômes atypiques. Pourtant, les vignes de la région du Douro doivent faire face à un climat hostile et rude, un prix à payer pour les viticulteurs mais qui en vaut la chandelle…

(Source : https://www.cellartours.com/portugal/portuguese-wineries/taylors)

Histoire

Comme souvent dans l’histoire, c’est un enchaînement d’événements qui mène un produit vers le succès. Et ce fut le cas pour les vins de Porto, même si l’appellation n’a semblé être déclarée qu’en 1678, il est important de revenir un peu plus en arrière…

Dès 1386, le traité de Windsor signé le 9 mai entre le Portugal et l’Angleterre consiste à améliorer les relations politiques, mais aussi militaires et commerciales. Les échanges se multiplient entre ces deux nations, certains marchands anglais et portugais se décident même à s’installer dans le pays du camarade. Ce traité vient également confirmer une première alliance survenue plus tôt (1373) lors du mariage de Jean I du Portugal (le roi) et Philippa de Lancastre (sœur d’Henri IV, ce dernier étant roi d’Angleterre). À savoir qu’il est toujours en vigueur aujourd’hui…

En 1654, c’est un nouveau traité qui est signé entre eux, créant de nouvelles opportunités commerciales entre les marchands des deux pays. Le traité stipule par ailleurs divers privilèges spéciaux comme des droits de douanes préférentiels…

Quelques années plus tard, en 1667, la France est en guerre avec l’Angleterre et met en place un embargo taxant fortement tous les produits anglais. Bien évidemment, les anglais répliquent et réduisent les commandes de vins français… Ils se tournent alors vers le Portugal avec lesquels ils entretiennent une bonne relation depuis déjà plusieurs siècles.

Le vin devient par conséquent plus difficile à faire passer par la terre et les voies maritimes sont privilégiées. C’est d’ailleurs pour cela que la ville de Porto devient une plaque tournante du commerce du vin à cette époque.

Mais que le voyage fut long pour ces vins, si bien que la qualité à l’arrivée n’était pas au rendez-vous. Pour palier à cela, les anglais ont l’idée de rajouter du brandy après la fermentation pour stabiliser les vins. Voilà un bon début, qui jettera les bases du futur mutage (ajout d’eau-de-vie au porto).

Des documents de douanes de 1678 concernant ces transactions ont été ensuite retrouvé, ils stipulent des “vins de Porto”. On pense que c’est la première fois que cette appellation fut officiellement utilisée.

Mais le véritable âge d’or pour les vins de Porto arrive au début du XVIIIe siècle. Les liens entre l’Angleterre et le Portugal se renforcent plus que jamais et les exportations deviennent massives. Les anglais semblent appréciés ce type de vin, ce qui permet aux viticulteurs de la région du Douro de connaître une grande prospérité.

Pour certains, elle fut de courte durée puisqu’en 1756, le Marquis de Pombal (premier ministre portugais), réglemente la production et l’export de vin en limitant la zone géographique de production des vins destinés au Porto. Des bornes de granit, dont certaines sont toujours visibles aujourd’hui, ont servi durant cette période pour délimiter cette aire géographique. Un système de point est mis en place, jugeant la localisation des vignes, leurs inclinaisons, de leurs altitudes, les cépages utilisés, etc…

Ceux obtenant le plus de points étaient éligibles à l’exportation, et les autres étaient cantonnés au marché localPar cette décision, le Marquis semble avoir créé la première AOC du monde !

Dès 1834, le mutage (action de fortifier le vin) apparaît plus officiellement et devient la marque de fabrique : le Porto que nous connaissons aujourd’hui naît. Un vin qui se différencie et qui plaît à grand nombre puisque la consommation augmenta au fil du temps. Par la suite, de nouveaux Porto sont apparus sur le marché : Tawny, Rubis, Vintage…


Spécificité du Porto

Qu’est-ce que la fortification ?

Après les vendanges, les raisins sont déposés dans des bacs de granit nommés « lagares » pour être piétinés. Puis, le processus de fermentation commence et le vinificateur l’arrête au bout de trois ou quatre jours en ajoutant une eau de vie vinicole à 77% de taux d’alcool.

Elle élimine alors les levures et interrompt la fermentation en élevant le volume d’alcool à 20%, conservant ainsi une grande partie du sucre naturel du vin, ce qui donne ce goût et cette rondeur si particulière au Porto.

Mais où est-il fait ?

C’est une région qui se trouve à 80 kilomètres à l’Est de la ville de Porto du nom de Douro, représentant 40 000 hectares, qui permet aux vignerons de produire les vins de Porto. Elle est aussi reconnue pour les fameux vins du Douro.


Différents types de Porto

Ce sont des cépages différents qui se révèlent les plus adaptés pour faire ce type de vin. Une cinquantaine de cépages sont répertoriés, dont 31 sont autorisés par l’institut des vins de Porto. Autant vous dire que les possibilités sont nombreuses !

Porto rouge

Vintage : le plus noble !

C’est le produit d’une année exceptionnelle qui provient en général des meilleurs vignobles. C’est le classement le plus élevé déclaré par l’appellation, il représente seulement 2% des vins de cette région. Ils sont mis en bouteille 2 ans après la vinification puis vieillissent encore 2 années supplémentaires en bouteille.

Il est préférable d’attendre minimum 10 ans avant de les déguster, mais si l’impatience vous semble trop pesante, vous pouvez toujours le boire jeune.

Tawny : le plus consommé en France.

Ils sont classés selon l’âge de vieillissement en barrique de chêne de 500 litres.

  • Les “Tawny” qui désignent des vins de Porto qui ont vieilli 5 à 6 ans
  • Les “Tawny Reserve” ou “Reserva Tawny” pour les vins de Porto qui ont vieilli 7 à 8 ans
  • Les “Tawny 10, 20, 30, et plus de 40 ans”, tous ces vins sont le résultat d’un assemblage de diverses années. L’âge mentionné sur l’étiquette correspond alors à la moyenne d’âge approximative des vins assemblés. Ainsi, une moitié de 8 ans et une moitié de 12 ans donnerait un dix ans d’âge. Mais il faut savoir que la valeur de cette moyenne est de 10 à 19 ans pour un « Tawny 10 ans« , de 20 à 29 ans pour un « Tawny 20 ans« , etc…
  • Les “Tawny Colheita” désignent des vins de Porto millésimés
Ruby : le moins cher

C’est un assemblage de différents millésimes avec un âge moyen de trois ans. Il conserve sa couleur rouge vif d’origine qui lui confère son nom. Ce Porto est donc très fruité, conserve une vivacité de vin jeune et doit être bu dans l’année.

  • Le “Fine Ruby” est un vin obtenu par un assemblage de vins différents qui contribue à apporter au Porto une complexité d’arômes et de saveurs. Il apparaît plus élaboré que le “Ruby”.
  • Ruby Reserva” utilise des vins issus d’une sélection plus rigoureuse que pour les précédents. À la dégustation, ils sont plus aromatiques et ont une structure plus robuste et concentrée. C’est ce qui peut se rapprocher le plus des Vintage avec un prix plus abordable.
Late Bottled Vintage : appelés aussi “LBV

Ils sont embouteillés plus tard que les Vintages. Issu d’un seul grand millésime, des mêmes raisins que des “Vintage”, ils sont élevés pendant 4 à 6 ans en foudre ou en fût de chêne avant son embouteillage. La différence entre un “Vintage” et un “LBV” est que ce dernier est vieilli plus longtemps, ce qui le rend plus rond, moins puissant. De plus, il n’a pas le même potentiel de garde, qui est moindre.


Porto blanc

Le Porto Blanc se caractérise généralement par un vieillissement oxydatif, avec une longue période de macération permettant l’extraction des composés nécessaires à l’obtention de la couleur dorée et des arômes.

Ensuite, il vieillit plus ou moins de temps dans des grandes cuves ou des foudres en bois, selon ce que le vinificateur souhaite. En effet, il peut décider de créer un blanc dit “classique” ou un Blanc dit “Réserve”. Les Colheita millésimés existent aussi en blanc avec mention d’âge et peuvent être très sec comme doux. Les mentions qui vous guideront dans votre choix sont les suivantes : extra-drydryhalf-dryhalf-sweetsweet et Lagrima.


Porto rosé

C’est le plus récent, qui a été mis sur le marché pour la première fois en en 2008 par la maison Croft pour la Saint Valentin. Certains ont alors suivi le mouvement et on peut en voir dorénavant quelque-uns en rayon. Ils sont élaborés à la manière d’un Porto ruby mais fermenté comme un vin rosé, avec peu de contact aux peaux de raisins. Ce sont les mêmes cépages utilisés qu’en rouge.

À la dégustation, un Porto rosé est léger et fruité, c’est ce qui est généralement recherché pour ce type de vin qui est servi frais ou fait partie intégrante des ingrédients d’un cocktail.


Quelques organismes pour le Porto

En 1933, L’Institut du Vin de Porto ainsi que la Hanse (association professionnelle) des Exportateurs de Vin de Porto voient le jour. Leurs missions consistaient à arbitrer le commerce tout en veillant aux bons intérêts de la production et du commerce.

En 1982, la “Confrérie du Vin de Porto” est crée afin de diffuser et promouvoir le renom mondial du vin de Porto.
En 2003, l’Institut du Vin de Porto fusionne avec la Commission Interprofessionnelle de la Région.


Sources :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Porto_%28DOC%29#Portos_rouges
https://www.douro-vins.fr/le-vignoble/tout-savoir-sur-le-porto.html

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