Bientôt le 3ème jeudi du mois de Novembre (19/11/2020) ! Sans doute l’une des dates les plus importantes pour la région viticole du Beaujolais puisque son vin primeur est prêt à être dégusté. Une véritable mise en bouche pour le millésime, à peine sorti des cuves…

Il y a des traditions qui sont ennuyeuses et d’autres… géniales ! Ce jeudi 19 novembre sera marqué par la sortie du “Beaujolais Nouveau”. En temps normal, ce sont des milliers de personnes qui se rassemblent pour le célébrer joyeusement à travers la France, avec à la main le fruité légendaire de la région. Malheureusement pour nous, l’année 2020 laisse peu de liberté aux événements comme celui-ci… Mais quelques questions peuvent vous trotter dans la tête quant à son arrivée :
- Pourquoi le 3ème jeudi du mois de Novembre ?
- Quel est son prix ?
- Comment est-il élaboré ?
- Est-ce reconnu seulement en France ?
Tant de questions qui trouvent finalement leurs réponses dans l’histoire…
Premièrement, le Beaujolais nouveau est un vin primeur issu de l’appellation Beaujolais ou Beaujolais-Villages. En raison de son processus de vinification, il est mis en vente avec très peu de temps de repos en cuve. Ce Gamay s’apprécie dans sa jeunesse et se déguste au meilleur de sa forme dans les mois qui suivent.
Son histoire est plutôt récente puisque cela fait seulement quelques décennies que la tradition est née. En effet, tout commença en 1951 lorsqu’un arrêté ministériel interdisant aux vignerons de commercialiser les vins d’appellations avant le 15 décembre de l’année, parait dans le journal officiel. Les vignerons du Beaujolais se révoltent contre cette décision et décide d’agir…
Pour comprendre cette réaction, nous retournons encore un peu plus dans le passé, plusieurs siècles en arrière. Un temps où les vins se dégustaient très vite après la récolte, là où les vinifications et techniques d’élevage n’étaient pas encore bien maîtrisées. La notion de “primeur”, encore absente des conversations, existait déjà. Au fil des siècles, boire les vins dans leur jeunesse a constitué une tradition, qui a par ailleurs perduré…
Le Beaujolais fait justement partie de ces vignobles qui ont continué à déguster et apprécier les vins dits primeurs. Le cépage Gamay, composant 95% du vignoble, se prête bien au jeu et permet aux vignerons de produire des vins jeunes, gourmands et fruités.
Revenons justement à notre révolte, l’Union Viticole du Beaujolais décide d’agir en demandant la possibilité de pouvoir commercialiser les vins avant la date du 15 décembre 1951, jugée trop tardive. Ils obtiennent alors une autorisation le 13 novembre 1951, permettant de vendre le vin avant cette date, ce qui engendre la naissance de l’appellation “Beaujolais Nouveau”.
Mais cette date de sortie du vin changera chaque année jusqu’en 1967. Ensuite, le 15 novembre fut choisi, pour permettre à tous les viticulteurs d’harmoniser leur production. Malheureusement, une date fixe ne convenait pas à tous les vignerons, il a fallu changer à nouveau. Ce n’est qu’à partir de 1985 que le troisième jeudi du mois de Novembre sera défini comme étant la date officielle de la sortie du Beaujolais Nouveau.
Une tradition qui séduit
Cette coutume, dotée d’une bonne renommée, permet aux vignerons de vendre une partie de leur production rapidement. Chaque année c’est des millions de bouteilles (une vingtaine environ) de Beaujolais Nouveau (et Beaujolais villages) qui se dégustent à travers le monde. Consommés dans plus d’une centaine de pays, ces primeurs ont su conquérir de nouveaux adeptes partout dans le monde. On compte pas moins de 700 vignerons qui produisent ce type de vin dans la région.
Étonnamment, c’est le Japon qui semble être le fan numéro 1 : un quart des exportations s’envole vers son territoire. On comprend aisément ce chiffre quand on s’aperçoit que les évènements organisés au pays du Soleil-Levant sont démesurés (des bains au beaujolais par exemple).
Au niveau des prix, les Beaujolais nouveaux varient beaucoup même si globalement, cela reste très abordable. Comptez environ 5 à 12 euros la bouteille chez un caviste.

Comment fait-on du Beaujolais Nouveau ?
Ce qu’il faut avoir en tête, c’est qu’une vente aussi rapide demande un énorme travail, notamment pour mettre le vin en bouteille. C’est donc pour cela que les viticulteurs ne peuvent dédié plus de 50% de leur production à cet évènement.
En parlant justement de la production, saviez-vous que les raisins servant à élaborer le beaujolais nouveau sont obligatoirement récoltés à la main ? C’est le processus de vinification typique de l’appellation qui nécessite des grains intacts, entiers et non éclatés. Or une machine, certes plus rapide, est moins précautionneuse avec les raisins. Avec des raisins en bon état, la macération carbonique peut se dérouler dans de bonnes conditions.
Ce type de vinification est rapide et favorise la rondeur, le fruité et la légèreté des vins.
Mais certains arômes de ces vins nouveaux sont très discutés depuis un bon nombre d’années. C’est sans doute dû a la standardisation de ces vins primeurs : prix attractifs, boisson peu chargée en alcool évoquant la gourmandise… L’aubaine commerciale est repérée par certains. Ils utilisent lors de la vinification des levures artificielles qui ont la fâcheuse tendance à révéler des arômes de banane très désagréables, justement l’objet des débats. Le Beaujolais souffre alors de cette réputation de vin de basse qualité aromatique.
Heureusement, cela commence à changer avec un retour aux sources et la recherche du véritable “goût de gamay”. Après un millésime 2018 plutôt critiqué, celui de 2019 a su montrer que le Beaujolais nouveau peut montrer de belles choses lorsque l’on recherche tout le potentiel du Gamay.
Les yeux sont dorénavant rivés sur ce jeudi et le millésime 2020…
En vous souhaitant de futures belles dégustations…
À bientôt
