La Vallée de la Loire : son histoire

Abritant plus de 2 000 ans d’histoire, la Vallée de la Loire est une région viticole emblématique de France… Pourtant, son histoire semble méconnue, passant derrière celles de régions telles que Bordeaux, la Bourgogne ou les Côtes du Rhône.

Partons ensemble à la découverte de ces terres, là où les rois et reines de France semblaient conquis(es) par un savoir-faire viticole qui perdure encore…

(Château de Saumur https://www.winetourism.com/wine-region/loire-valley/)

Les origines

Dès la période Paléolithique, le fleuve attire de nombreuses populations qui s’installent, s’imaginant le potentiel et la richesse du lieu : des terres fertiles. C’est alors que des groupes, se transformant en communautés par la suite, se forment au VIème siècle avant J.C.

La vigne n’arrivera que bien des siècles plus tard, aux alentours du Ier siècle après J.C, le vignoble du Pays Nantais est le premier à être planté, grâce aux Romains. Conquérant la région sans une réelle résistance de la part des Gaulois, ils s’approprient les terres et plantent les premiers pieds de vigne.

C’est par le biais de Pline l’Ancien (agronome romain) que les premières mentions du vignobles apparaissent dans des écrits. Les Romains, à l’image de leur Empire, propage la vigne et contribue à l’expansion du vignoble. Les Gaulois, quant à eux, adoptent les coutumes ainsi que la façon de vivre des Romains : c’est la naissance de l’ère Gallo-Romaine

Les échanges commerciaux se multiplient, tirant vers le haut la production locale pour répondre à une demande toujours plus croissante.

C’est au Vème siècle que le Val de Loire connaît un premier essor. Les religieux, comme dans toute la France, prennent le relai et s’emploient à s’occuper des vignes. Les différentes techniques et moyens de production s’améliorent et le savoir faire des moines se perfectionnent. Ces derniers vont d’ailleurs profiter d’une spécificité bien établie du vignoble de Loire : les voies de communication. Créées par les Romains au départ, de nouveaux accès sont utilisées (La Sèvre, la Maine, les Marais de Goulaine) dès les siècles suivants. On parle ici de voies maritimes qui étaient par ailleurs plus sûres pour les marchands car, à cette époque, pas de sécurité sur les routes !

Mais il n’y a pas que le Clergé qui a joué un rôle prépondérant dans l’essor du vignoble…


Quand la noblesse s’en mêle…

Nous voici en 853, un temps où les habitants proches de la Loire ne vivent pas sereinement : la peur se lit sur leurs visages…

Des étrangers venus du nord comptent bien piller et s’approprier certaines terres de France : c’est le début des invasions Vikings. Ce n’est pas la première fois que la Vallée de la Loire est attaquée, elle le fut dès 732 par les Sarrasins. Mais contrairement à ces derniers repoussés par Charles Martel lors de la bataille de Tours, les invasions Vikings persistent. Les pillages et saccages de ces “sauvages” ralentissent considérablement l’avancée des villes et par conséquent, des vignobles.

Les seigneurs, mécontents de ces troubles, décident d’agir et commencent à édifier des “mottes castrales” pour défendre leurs terres. Ces postes avancés, construits sur les hauteurs bordant la Loire, deviendront au fil des siècles des forteresses puis, les châteaux que l’on peut encore apprécier aujourd’hui… Les Vikings repartiront, permettant à la région de reprendre une vie normale, en paix.

Quelques siècles plus tard, Henri II Plantagenêt (alors comte d’Anjou en 1154), devient roi d’Angleterre et fait servir les vins de sa région à la cour. Conquis par ce type de vin, la cour ne s’en lassera pas et conservera cette tradition avec les successeurs d’Henri II Plantagenêt : cet évènement participa à la prospérité du vignoble.

Le seigneurs ne sont pas les seuls à contribuer à ce développement puisque les bourgeois obtiennent un nouveau droit qui va changer la donne. Le “Banvin” est un droit féodal permettant aux seigneurs de vendre leurs vins sur le marché avant les autres. Pendant 30 à 40 jours après le ban des vendanges (début officiel de récolte des raisins), ils n’avaient aucun concurrent et pouvaient écouler les stocks dont ils disposaient. Les bourgeois vont décrocher l’annulation de ce droit et commencer à s’immiscer dans le commerce des vins.


De la Renaissance à nos jours…

Souvenez-vous, les invasions Vikings ont amené les seigneurs à construire des forteresses pour protéger leurs biens. Justement, pourquoi cette période fut si cruciale pour la suite ?

Les châteaux, dorénavant bien établie, ont attiré des nobles de partout en France mais pas seulement. Lors de la Renaissance, Louis XI (roi de France de 1461 à 1483) fit de la ville de Tours le centre du pouvoir de la couronne : elle le restera jusqu’en 1594 !

De quoi alimenter encore un peu plus l’effervescence autour du Val de Loire dès le XVIe siècle

De nouveaux clients

Nous nous retrouvons dans le port de Nantes où les affaires semblent propices : de nouveaux clients sont trouvés (concentrés sur le nord de l’Europe). Parmi eux, les hollandais deviennent très vite de grands consommateurs, donnant une impulsion de plus pour la recherche de qualité et de production. D’ailleurs, certains d’entre eux n’hésitent pas à s’installer dans la région pour réaliser des affaires toujours plus florissantes…

Dans le même temps, un arrêt de Parlement de Paris stipule que les marchands devront maintenant acheter leurs vins dans une zone située à plus de vingt lieues de la capitale. De nouveaux vignobles apparaissent, notamment près d’Orléans, de Blois mais aussi dans la vallée du Cher.

En parlant de vignoble, c’est également lors de ce même siècle que François Rabelais (écrivain français) mentionne de nouveaux cépages. En effet, la Loire facilite également l’arrivée des cépages “Breton” (Cabernet Franc) et Chenin, deux des cépages phares de la région.

Un parcours sinueux

En 1709, l’hiver s’abat sur le vignoble. Celui-ci ne ressemble à aucun autre puisque la température descendra jusqu’à -20°C. Le travail dans les vignes en souffre et des barriques explosent dans les chais… Seul le cépage Melon résistera, permettant d’élaborer du Muscadet.

Ensuite, c’est la Révolution Française qui aura des conséquences dévastatrices sur le Val de Loire. Les vignobles d’Anjou et de Nantes sont également agités par les Guerres de Vendée (1793 – 1796 avec des tensions jusqu’en 1832) entre Royaliste et Nationaliste…

Puis, l’évolution des moyens de transports comme le chemin de fer (début XIXe siècle) oblige le vignoble à devoir se surpasser : les vins du Midi sont dorénavant des concurrents !

L’arrivée du Phylloxéra en 1863 n’arrangera pas non plus les choses avec des dégâts considérables dans le vignoble. Même si pour ce point, toute la France fut concernée.


Des jours meilleurs

Mais ces crises ont une fin !

Les vignerons du Val de Loire se sont relevés et ont travaillé dur pour perfectionner les vins et le travail dans les vignes. Devenant une préoccupation majeure, cette recherche de qualité a tout simplement aboutit à la naissance des appellations d’origine dès 1936.

La récompense est double puisqu’une partie de la région est aujourd’hui classée au Patrimoine de l’UNESCO. Un dénouement amplement mérité pour le Val de Loire, disposant d’une histoire riche et faisant rêver tant de personnes à travers le monde.

En vous souhaitant de futures belles dégustations…

À bientôt

Joris Voidic

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Source photo de couverture (Vignoble de Sancerre) : https://maison-des-sancerre.com/