#DomaineDeLaSemaine : Les Hautes Noëlles

Pour la première fois sur Vinfoletter, je vais vous présenter un domaine en particulier : Les Hautes Noëlles. J’ai eu la chance de pouvoir interroger Jean-Gabriel Tridon (nouveau propriétaire) sur ses ambitions, ses nouveaux projets et la situation actuelle du domaine.

(Les nouveaux propriétaire du domaine : Jean-Gabriel et Juliane Tridon source : https://www.les-hautes-noelles.com/)
Les nouveaux propriétaire du domaine : Jean-Gabriel et Juliane Tridon.
source : https://www.les-hautes-noelles.com/
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Tous droits réservés EARL Juliane et Jean-Gabriel Tridon

Le domaine

Le Domaine Les Hautes Noëlles est une propriété familiale créée dans les années 1930 sur la commune de St Léger les Vignes où, dès l’an 1180, un manuscrit faisait déjà référence aux vignes qui y étaient cultivées.

St Léger les Vignes, (commune située à environ 15 kilomètres au sud -ouest de Nantes), fait partie de l’appellation Muscadet Côtes de Grandlieu.

Le Domaine compte actuellement 26 hectares de vignes se répartissant en :

  • Muscadet Côtes de Grandlieu et Gros Plant ( AOP / Appellation d’Origine Protégée)
  • Vins de Pays du Val de Loire IGP ( Indication Géographique Protégée) avec comme cépages : Gamay, Chardonnay, Grolleau Gris et Noir, Merlot et Cabernet.

Racheté en 2010 par Jean-Pierre Guédon, chef d’entreprise passionné par le monde du vin, une nouvelle étape est franchie 10 ans plus tard avec l’acquisition du domaine par Juliane et Jean-Gabriel Tridon. Ces derniers entament de grands projets, portés vers la viticulture biologique.

À savoir que depuis de nombreuses années déjà, l’exploitation a banni tout herbicide et tout produit chimique en privilégiant des produits naturels à base de cuivre et de soufre, et aussi de plantes (tisanes de prêle, ortie – huiles essentielles de lavandin, d’eucalyptus…) pour traiter les vignes. D’ailleurs, tous les vins blancs du Domaine Les Hautes Noëlles sont certifiés biologiques par ECOCERT.

Place à l’interview !


Joris : Bonjour Jean-Gabriel, pourquoi as-tu misé sur ce domaine ?

Jean-Gabriel Tridon : “Bonjour Joris. Ce qui nous a plu dans ce domaine, c’est qu’il est situé entre la Loire et le lac de Grand-Lieu qui est le plus grand lac naturel de France. Avec la mer pas très loin, on a une influence océanique présente. On est également bien situé en termes de biodiversité parce qu’on est dans un cadre préservé avec une activité de polyculture importante. On a un parcellaire qui nous permettra de mettre en place sur quelques ilots un projet d’agroforesterie qui me tient à cœur (point d’accès oiseaux, vie du sol,…).”

J : Combien êtes-vous sur le domaine ?

J-G : “6 personnes travaillent actuellement sur le domaine. Ce qui est important pour nous, c’est la polyvalence des postes. Chacun a son rôle principal mais participe aussi à d’autres tâches. Jacqueline s’occupe de l’étiquetage, de la préparation des commandes et nous seconde dans l’accueil des clients au caveau. Vincent est tractoriste, il se consacre à tous les travaux de la vigne et du sol. Brice est lui aussi dans les vignes tout le long de l’année et s’attache à réaliser les traitements. Mickaël est celui qui encadre tout le travail dans les vignes : les tâches à effectuer par l’équipe, les saisonniers quand il y en a… Tous deux travaillent également au chai avec moi.

Juliane est pour le moment plus axée sur l’administratif et participe au pilotage des projets que nous mettons en place. Quant à moi, mes tâches sont pour le moment largement dédiées à la partie commerciale (prospection, dégustation, accueil caveau,…) même si le travail à la vigne et au chai font partie de mes activités de prédilection.”

Les vendanges des Hautes Noëlles !
Tous droits réservés EARL Juliane et Jean-Gabriel Tridon.
J : Quelles qualités as tu recherché chez tes collaborateurs-trices ?

J-G : Les qualités que l’on recherche sont l’appartenance à l’entreprise, le travail d’équipe. C’est ce qui compte beaucoup pour nous, on leur a d’ailleurs expliqué dès les premiers jours qu’ils faisaient partie intégrante de notre projet de vie. Un projet de vie qui, on l’espère, perdura avec nos enfants…

On leur a également expliqué nos projets en viticulture et en vigne afin qu’on réfléchisse ensemble à leur mise en place, qu’ils adhèrent au projet et s’y investissent.

J : Pourrais-tu donner un itinéraire technique de ce que vous avez fait à la vigne pour l’année ?

J-G : “De Novembre à Mars, on se charge de la taille. L’idéal serait de tailler le plus tard possible (ndlr : plus la taille est tardive = moins de risque de gelées) mais le domaine est de 26 hectares, l’organisation est par conséquent différente. J’en profite également pour dire que l’on cherche à réduire nos surfaces afin de recentrer notre production mais surtout équilibrer les surfaces viticoles et celles que nous auront en agroforesterie.

Après la taille, on broie les sarments et on enchaîne assez vite avec un travail du sol fin mars. On est train de faire des tests sur 4 parcelles pour mettre en place un enherbement intégral. On a par exemple semé des trèfles de différents types à l’automne pour voir comment le sol va réagir. L’enherbement nous permettrait de limiter le nombre de passage pour les travaux du sol, de protéger les sols et la vie organique.

À partir d’avril, on commence les traitements qui vont permettre de protéger la vigne contre les différentes maladies (Mildiou notamment). Cette tâche se poursuivra jusqu’à mi-juillet.

En mai et pendant tout le printemps commencent les travaux en verts avec l’ébourgeonnage, l’épamprage, le palissage, le rognage et l’effeuillage. Durant la fin de l’été, on se prépare pour les vendanges qui ont lieu en septembre.

Dans le cadre de notre projet d’agroforesterie qui s’étendra sur de longues années, on lancera en décembre de cette année, si tout se passe bien, la plantation de nos premiers arbres que viendront rejoindre notre massale de Pineau d’Aunis au printemps 2022”

J : Pourquoi l’agriculture biologique ?

J-G : “C’est une évidence, la bio a pour objectif de limiter l’impact que l’on peut avoir sur la nature. Je pense que la bio c’est surtout de l’observation du sol, du sous-sol et du comportement des plantes. Ne pas chercher à systématiser quoi que ce soit, ni dans la vigne ou la vinification. C’est être à l’attention de la vigne et l’aider tout au long de l’année, puis accompagner les moûts durant la vinification et ainsi emmener les vins dans leur processus d’élevage jusqu’à la mise en bouteille et son service sur les tables de nos clients.”

J : Quelle est la situation actuelle du domaine sur le bio ?

J-G : “Sur les 26 hectares que nous avons actuellement, 17 sont déjà certifiés par Ecocert (soit tous nos blancs). On a entamé un processus de viticulture biologique pour les 9 derniers hectares : tous nos rouges seront donc bio également d’ici 2 ans. Un domaine 100% biologique est une évidence pour nous !”

J : Et pour finir sur cette partie viticulture, qu’est-ce que pour toi faire du vin ?

J-G : “Pour moi faire du vin… me fait désirer être dans le vrai. Comme ça, on se fait plaisir et on fait plaisir aux dégustateurs. C’est tout simplement le résultat de ce qui se fait à la vigne, toute l’attention apporté durant l’année. Faire du vin, c’est finalement transmettre une année de travail à minima et laisser la nature s’exprimer à travers ce vin. Bien évidemment, le vin n’est pas un produit naturel, il faut être présent pour contrôler mais cela résulte d’actions de bactéries, de levures et d’associations moléculaires complexes où l’Homme ne peut qu’apporter son grain de sel, pas plus.

Rien de mieux que de récolter les fruits de son travail !
Tous droits réservés EARL Juliane et Jean-Gabriel Tridon.
J : Commercialement, comment se situe le domaine ?

J-G : “Les ventes sont plutôt équilibrés puisque qu’un tiers est vendu au domaine, un autre aux CHR (Cavistes-Hôtels-Restaurants) et le dernier à l’export !

Bien évidemment, l’année que l’on vit est sans précédant avec le coronavirus : les ventes au domaine se réduisent avec les confinements et couvre-feu. On navigue à vue dans un environnement très versatile, où les évolutions sont constantes. On va lancer de nouvelles cuvées mais on ne sait pas vraiment comment sera le démarrage pour celles-ci.

Au niveau de l’export, on est présent aux États-Unis, Canada, Russie, Madagascar, Japon, Brésil, Afrique du Sud et Corée du Sud. À l’avenir, on souhaite se développer sur la Scandinavie et le marché allemand (ndlr : le site est déjà traduit en allemand).”

J : En parlant d’export : la politique, comme notamment la taxe Trump, a t-elle changé quelque chose pour toi ?

J-G : “Oui la taxe Trump a eu une incidence sur les prix car soit il y a moins de commandes, soit les commandes sont plus difficiles à gérer. Les importateurs et vignerons essayent de se répartir la taxe, c’est une tout autre organisation. Très récemment, elle a été suspendu pour les 4 prochains mois et on sent déjà que ça soulage le marché.

C’est une bonne nouvelle pour notre domaine puisque l’on souhaite faire passer 9 hectares sur les 28 en viticulture biologique. Ce projet ne peut se réaliser seulement si le marché rebondit avec plus de commandes et si nous pouvons valoriser nos bouteilles au bon prix, ce qui est maintenant possible sans cette taxe.”

J : Quelles est ta vision du développement commercial des Hautes Noëlles ?

J-G : “Sur le développement commercial du domaine, on veut bien évidemment conserver notre clientèle caveau car elle est très importante pour nous. Il y a la partie professionnel que l’on souhaite développer pour avoir un solide réseau cavistes – restaurateurs. C’est ces derniers qui mettront également en valeur nos vins.

Des vins qui changeront certainement à l’avenir car on souhaite en garder certains mais aussi créer de nouvelles cuvées.

Pour l’œnotourisme, on commence le plus simplement possible en proposant aux personnes des visites du domaines, quelques dégustations quand cela est possible. On aimerait proposer des ateliers immersion dans lesquels les personnes participeraient aux missions de la vigne, finissant sur une dégustation. Bien sûr, cela prendrait beaucoup de temps, c’est encore un projet à définir.”

J : Quelques événements à la cave ?

J-G : “Oui on fait des activités autour de la dégustation, des cours d’œnologie par exemple même si avec les gestes barrières c’est un peu plus compliqué. Entre les deux confinements, on a pu participer au pique nique des vignerons de la région (ambiance familiale avec groupe de musique, des jeux…). On a également fait des portes ouvertes qui ont bien marché : je pense que le fait qu’on soit nouveaux propriétaire, les personnes ont eu envie de faire notre connaissance.

Bien évidemment, les activités sont encore peu développées puisque l’on vient de reprendre le domaine, mais à l’avenir, on a de beaux projets et on espère pouvoir les réaliser très bientôt.”

J : D’autres projets… ?

J-G : “Oui, on a un étang qui se trouve directement derrière le domaine que l’on souhaite aménager pour faire des activités liées au vin. Pourquoi pas avec une touche musicale ou littéraire. Dans les prochaines années, on a un projet d’extension de chai pour mettre en place des vinifications en amphore, un style d’élaboration du vin qui me tient à cœur. Un contenant dont la forme et la matière éveille les sens. On a encore d’autres idées à plus long terme mais je garde le secret…

C’est ça qui est chouette, on est sur un domaine qui dispose d’un bel historique avec un beau potentiel de développement. En termes de vinification, de viticulture et d’œnotourisme, il y a de quoi s’éclater !”

J : Enfin, si tu devais parler que d’une seule cuvée, laquelle ce serait laquelle et pourquoi ?

J-G : “C’est difficile *rires* !

Si je dois en citer qu’une seule, ce serait “Les Moineries parce que c’est du Muscadet vieilles vignes (90 ans) avec un élevage d’un an et demi. C’est une cuvée (millésime 2018 disponible) qui donne une image vraiment surprenante de l’appellation. On se rend compte que le Muscadet va bien au delà du “simple vin” servi avec les fruits de mer, c’est un vin qui s’accorde aussi avec des plats gastronomiques, plus élaborés. “Les Moineries” dispose d’une robe aux reflets dorés, un nez de fruits jaunes à dominante exotique, de miel et d’amande. La bouche est ample, amenant sur une finale longue pleine de vivacité.”

Tous droits réservés EARL Juliane et Jean-Gabriel Tridon

Conclusion

Les vins produits par le Domaine Les Hautes Noëlles sont reconnus par les Guides et Revues spécialisées, tant en France qu’à l’International. Ils bénéficient de commentaires élogieux et recueillent régulièrement des médailles dans les différents concours où ils sont présentés.

Environ 120 000 bouteilles sont produites chaque année par Les Hautes Noëlles et sont servies sur les plus belles tables françaises et dans le monde…

En vous souhaitant de futures belles dégustations…

À bientôt

Joris

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