Le métier de vigneron(ne) est semé d’embûches et ce, durant tout le long de l’année. Confronté(e) à des tâches difficiles, il/elle doit également faire face aux conditions climatiques et répondre aux besoins de la vigne. Cette dernière peut en effet tomber malade et ne rien produire… l’une de ces maladies est l’Oïdium.
Histoire
Comme le Phylloxéra, l’Oïdium nous vient des États-Unis mais fait sa première apparition bien avant celui-ci : en 1845. Ce sont les anglais qui recevront les premiers ce cadeau empoisonné puis le propageront, malgré eux, aux restes de l’Europe. Dès 1848, on retrouve le champignon en Belgique puis, dans le sud de la France en 1851. L’attaque est soudaine, alertant tous les vignerons retrouvant certaines parcelles de vigne dans un état critique. L’Oïdium ne laisse aucune chance à la vigne, il s’attaque à tous ses organes : feuilles, rameaux et grappes…
Perte de rendement, dégradation de la qualité… Bref, les vignerons comprennent très vite qu’ils sont face à un évènement peu commun. Ce qui étonne le plus, c’est sa vitesse de propagation : de 1851 à 1854, tout le vignoble du sud de la France en était contaminé. Les pertes sont immenses et le constat est sans appel, c’est environ 75% de production en moins durant ces 3 années…
Côté vigneron, on essaye de compenser le peu de production par une élévation des prix, mais cette solution n’est pas tenable. Certains arrachent leurs vignes et s’expatrient, espérant trouver une terre plus accueillante dans une autre contrée. D’autres essayeront de trouver des solutions pour combattre ce mal venu d’Amérique. Plusieurs expériences sont menées afin de mettre un point final à ce fléau mais il faudra être patient avant de trouver celle qui fonctionnera.
C’est en effet à la fin des années 1850 qu’un certain Henri Marès s’inspira des solutions trouvées outre-Manche et décida d’utiliser le soufre.
Il met alors au point une technique ayant pour objectif de vaporiser des doses de soufre sur les vignes. Les résultats semblent concluants et ce traitement est appliqué dans les vignobles en France dès 1857. Encore aujourd’hui, le soufre est utilisé pour combattre l’Oïdium…
Mais l’Oïdium, qu’est-ce que c’est exactement ?
C’est une maladie fongique (= maladie causée à une plante par un champignon ) de la vigne. Le champignon responsable, Erysiphe Necator, apprécie les atmosphères chaudes et humides. L’Oïdium se développe dès que les températures deviennent supérieures à 12°C (optimal vers 25°C) et quand l’humidité relative est supérieure à 40%.
Attaquant tous les organes de la vigne, plusieurs symptômes sont visibles :
Sur les feuilles, on peut apercevoir des tâches huileuses (similaires au Mildiou) et un noircissement des nervures sur la face inférieure. Ensuite, une matière filamenteuse apparait sur les tâches, les extrémités des feuilles se crispent et entraîne une réduction de l’activité de photosynthèse. En général, ces symptômes peuvent être observables dès le début du mois de mai.
Les grappes sont recouvertes d’une poussière grise, les cellules meurent, les baies éclatent et dégagent une odeur de moisissure…
Sur les sarments, des boursouflures noires peuvent apparaître dès l’automne. Ils deviennent par ailleurs fragiles et cassants.
Le saviez-vous ?
Certaines vignes sont dotées de rosiers en bout de rang, on peut les appeler les “sentinelles”. Pourquoi ? Lors d’une attaque d’Oïdium, les rosiers seront les premiers attaqués : c’est un bon indicateur pour les vignerons.
Solutions de lutte
Le soufre reste le produit optimal pour lutter préventivement contre l’Oïdium. Les traitements doivent commencer tôt (dès le débourrement).
Bien évidemment, les stratégies de traitements doivent prendre en compte la sensibilité des cépages et la pression de la maladie. Plusieurs cépages sont par ailleurs plus sensibles : Carignan, Grenache, Cabernet Sauvignon, Chenin, Chardonnay, Cinsault, Riesling, Roussanne, et le Sylvaner.
Il est également possible de mettre en place des mesures prophylactiques pour enrayer l’apparition de l’Oïdium :
- Aération des grappes
- Un choix d’association porte-greffe/cépage adéquat
- Une fertilisation et un enherbement adaptés
Ces mesures, favorisant une meilleure pénétration des produits, permettront d’améliorer l’efficacité des traitements. Ces derniers seront justement à réaliser sous une température bien précise : entre 18°C et 30°C sachant que l’idéal se situe entre 25°C et 30°C, quand l’Oïdium se plaît le plus…
Cette maladie, se manifestant dans le sud de la France, est dorénavant de plus en plus présente sur le territoire, notamment dans des régions comme l’Alsace, la Bourgogne et la Champagne. Cela s’explique par une notion pour laquelle un défi mondial s’impose : le réchauffement climatique. Les températures moyennes augmentent et donnent des conditions propices au développement de l’Oïdium, laissant nos vigneron(ne)s face à un nouveau défi…
En vous souhaitant de futures belles dégustations…
À bientôt
Joris

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Sources :
https://www.agro.basf.fr/
https://dico-du-vin.com/
https://www.vignevin-occitanie.com/
https://www.vignevin.com/
https://www.rustica.fr/
https://blogs.univ-jfc.fr/
Sources image de couverture :
https://www.vignevin-occitanie.com/fiches-pratiques/loidium-de-la-vigne/