Le surprenant terroir de Hongrie n’est pas tout nouveau, en fait c’est tout le contraire… On retrouve des traces du vignoble durant la période des romains !
La Hongrie est surtout connue pour son célèbre vin, le Tokaj. Ce vin blanc liquoreux, considéré comme l’un des meilleurs du monde, met toute la Hongrie viticole sur un piédestal. Malgré cela, la qualité a connu une sérieuse baisse durant toute la période communiste, où la quantité de production fut ce qui compta le plus.
Mais depuis quelques décennies, la Hongrie élève son niveau de jeu et revient ainsi dans la course…

Les Romains… C’est encore eux qui plantèrent les premières vignes en Hongrie. Lors du Ve siècle, ils mirent en place la culture de la vigne à Pannonia, une ancienne région située sur l’actuelle Autriche, Hongrie, Slovénie, Croatie et Serbie. Les habitants de la région prirent alors connaissance de tout le potentiel de cette culture et commencèrent à l’étendre : durant des siècles, des vignobles s’érigèrent dans ce décor d’Europe Centrale. Les différentes invasions barbares ont néanmoins ralenti le développement viticole de la région.
On retrouve tout de même des traces de production de vin hongrois, notamment dans le Tokaj. Lors des invasions des Magyars (tribus hongroise) en 896, Árpád le fondateur de la dynastie régnant en Hongrie, récompensa ses fidèles avec du vin venant du Tokaj. Les Magyars, des cavaliers peu commodes, ont également apporté avec eux des techniques de viticulture lors de leurs différentes invasions : environ 33 campagnes militaires en Occident et Byzance au cours du IXe siècle.
Le dernier roi de la dynastie d’Arpad mourut en 1301, ce qui provoqua sept ans de guerre civile au sein du royaume. Après ces sept années, Charles Robert d’Anjou fut le premier roi non-hongrois à être élu. Cela marqua aussi le début de l’âge d’or de l’empire : la croissance importante du commerce basée sur la monnaie et une agriculture florissante, centrée sur le bétail et le vin, a permis au royaume de retrouver ses lettres de noblesse. Par la suite, c’est l’Église médiévale qui tiendra un rôle majeur dans l’extension des vignobles.
En 1526, l’invasion de la Hongrie par Soliman le Magnifique (Sultan de la dynastie Ottomane) n’affecta pas la production de vin, seules quelques taxes supplémentaires s’appliquèrent sur sa commercialisation. Par contre, de nouveaux cépages fut introduit comme le Kadarka, glorifié comme « le roi des vins, le vin des rois » .
Et en parlant de roi justement, une autre histoire contribua à l’essor des vins hongrois, et plus particulièrement à la renommée du Tokaj. Ferenc II Râkôczi (1676 – 1735), alors prince de Transylvanie, demanda la protection d’un certain… Louis XIV. Pour parvenir à ses fins, il présenta au roi soleil un vin du Tokaj et lui fit déguster. Séduit par ce vin exceptionnel, Louis XIV aida le prince et fit connaître les vins hongrois à sa cour…
Il est dans tous les bons coups !
Au delà de la cour française, un grand nombre sembla apprécier ce vin : le pape Pie IV, Pierre le Grand (qui acheta un vignoble), Voltaire, Beethoven, Schubert… Bref, c’est un ensemble de personnalités à travers l’Europe qui fut émerveillé par le Tokaj. La famille des Habsbourg, une dynastie régnant sur la Hongrie depuis 1529, fut également partie prenante de sa notoriété : les membres de la famille se délectèrent du vin local lors des festivités.
De par la popularité du Tokaj, la Hongrie viticole réagit et met en place toute une filière. L’année 1720 est importante dans cette histoire car de nouvelles réglementations virent le jour, sur ordre royal. La production, l’enseignement et la commercialisation du vin deviennent structurés et un système de classification des vins est créé. En 1786, le premier cadastre viticole apparut.
En 1949, le royaume de Hongrie prend fin pour faire naître la République Populaire de Hongrie (1949 – 1989). Cet événement ainsi que l’occupation soviétique enlisa la viticulture nationale. Durant cette période, il a fallu produire plus, toujours plus… pour alimenter le bloc de l’Est. Le vignoble devint alors un pôle industriel, où la qualité ne fut pas importante, la Hongrie viticole en a malheureusement souffert.
D’ailleurs, il n’y a pas que la qualité qui en pâtira, la surface du vignoble diminuera drastiquement : de 250 000 hectares dans les années 1960 à 140 000 en 1999.
Aujourd’hui, le vignoble hongrois est composé de 22 régions de production ainsi que d’une superficie de 69 000 hectares mais ça… nous le verrons dimanche prochain !
En vous souhaitant de futures belles dégustations…
À bientôt
Joris

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Source image de couverture : https://www.butterfield.com/blog/2017/06/21/vines-101-introduction-hungarian-wine/